1. |
Les solitudes
04:05
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solitude qu' on camoufle
en écrans cathodiques
qui souffle
crache
dicte
solitude en rouge bleu et blanc
avec trop d' étoiles pour cacher le sang
solitude de drapeau
qu' on brûle au poêle à bois sans partisan
avec un arrière–goût de chair à canon
solitaire
pas de montre au poignet désorienté
sans toit ou foi ou points cardinaux
solitude du passé
en VHS ou beta
image sépia, mélancolie, madeleines et barbe à papa
solitude dans les dents à carier
trop sucrée
couleur praline chocolat lune de miel
et saveur Constantine
solitude noble de fin d'hiver
cadeau perdu
parents aux bras grands ouverts
solitude artificielle
de soleil qui se couche tôt
car les stars brillent trop de nos jours
solitude en flash de quinze minutes
un tapis rouge autour du cou
une solitude pas possible
quand tous veulent voir
toi
tes enfants
ta famille
toi toute seule dans ton lit
ton gun à la bouche
les pilules au doigt
les conflits
et tous les envieux autour qui crient
mais pourquoi ça m'arrive pas à moi?
solitude de dénouement
la pente descendante
appuyer sur la détente
solitude en attente d'espace
de voix d' esprit
mais avant
avant faut s'éparpiller comme du monde
juste un peu
solitude de tombeau
pour qu'on se mette à conjuguer ton prénom
pis à s'en inspirer une rue
un parc
un boulevard
une fondation
un show
ou
rien qu'une chanson.
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2. |
Chinois
05:57
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prenez–nous
pour cultiver l'avenir de vos nombreux petits
prenez–nous
pour nourrir des bouches si loin
nous avons habillé nos corps à bon prix grâce à vos mains
demain sous vos yeux
sous vos dents
pâté au choix du président et blé d'Asie directement d'Alma
je crois que c'est ce la qu'on appelle le karma
nos lacs pour vos tours en lumières
nos sables sans mer pour le bitume et pour les pneus
pour rouler le Grand Nord et tous ces habitants
encore
encore une fois
il faut toujours plus petit que soi
prenez–nous
en kilomètres à la ronde
ici on se fait passer des sapins depuis la nuit des temps
un de plus ou un de moins… hein!
prenez
nous sommes de confession fragile
flexible
au goût du jour
souvent tranquille même en révolution
nous sommes des pirates sans bat ea u
pirates qu'à la radio
prenez–nous
labourez vos idéaux sur nos sols
ici y a pas juste les conifères qui se résignent
dommage on ne passera pas à l'histoire
on ne se souvient jamais des indécis faut croire
prenez–nous
on joue aux proprios
mais on n'est que locataires
à manger des volées dans ruelle
à jouer en mineur la majeure partie de notre vie
minoritaires pour oublier tous ces hiers qu'on a laissé passer
toutes ces fois qu'on aurait pu
tout es ces fois qu'on aurait dû
prenez–nous…
parce que nous on n'a jamais su se prendre
peut–être alors
peut–être alors devant la fin
le couteau à l'aorte
la vraie faim au ventre sans blé de toutes sortes
peut–être alors serons–nous
peut–êt re alors
prendrons –nous conscience loin de la ouate
devant la nécessité et l'instinct de survie
peut–être alors
serons–nous capables de prendre sans s'excuser
devant la mort nul ne peut être accusé
de revendiquer sa part
peut–être alors
faut croire
faut croire
faut croire .
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3. |
Héros silencieux
06:22
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tu sais
j'ai pas connu les cris
les coups
la peur quand ça frappe
sur la peau ou à la porte
moi j'ai pas connu ce que j'ai écrit
parce que chez nous quand on tombe
y a toujours quelqu' un qui nous rattrape
mais…
tu fais quoi
quand tes bras sont trop petits pour donner des coups
que tu en reçois des gros beaucoup?
qu'on prend ton innocence
sous le prétexte d'un jeu
personne n'aime jouer à des jeux silencieux
tu fais quoi quand un matin sur deux
il y a rien à mettre sur tes toasts
qu' y'a juste de la Bleue dans l ' f r igo
pour mouiller tes Cheerios?
tu dis rien
c'est mieux
tu préfères rester le ventre creux que de manger sa main
parce que tu sais que l'autre
il risque de te la faire manger avant demain
t'as la paupière qui s'affole
l'angoisse au fond des yeux
mais tu pars quand même à école
pis pour éviter d'attirer l'attention
tu mets ta face de grand public
mais c'est dur de pas jouer faux
quand personne t'a donné la partition
car faire semblant que tout va bien à la maison
te coûte tes examens
les points que t'oublies d'écrire
sont déjà imprimés sur tes côtes
sache qu'il y a des ponctuations
qui sont pas de ta faute
sur ta feuille y a que des majuscules
parce que chez toi quand on est petits
c'est qu'on n'a pas le choix d'être grands
et c'est uniquement dans le silence de la classe
que ta mine peut crier ce que t'as en–dedans
parfois
tu voudrais te servir de ton crayon
comme le soleil l'été perce la peau de ses r ayons
mais là où toi et moi on est pareils
c'est que même si tu es rempli de rage
t'as décidé de pas faire comme lui ou comme elle
t'as décidé de pas donner raison à l'adage
car il arrive qu'une fois tombée
la pomme roule très loin du pommier
t'as pas pris le c hemin facile
celui que démontrent les études
le c outeau est resté un ustensile
t'as combattu l'incertitude
le doute et les montées de haine
qui t'ont suivie comme une ombre
tu t'es construit un royaume où c'est toi la reine
et t'invites qui tu veux dans ta chambre
ton combat a été ardu
et même si ta réussite est héroïque
elle reste discrète
sans tambour
ni trompette
sans couverture de magazine
sans tapis rouge
sans que tout le monde en parle
et tantôt
tantôt ce sera toi le parent
la main qui rassure
le lait sur les céréales trop dures
tantôt tu feras ce qu'eux
n'ont pas fait pour toi
et comme tous ces héros silencieux
tu feras rimer le mot enfance avec
amour
maison
douceur
sourire
confiance
pour q u'u n jour ton enfant puisse dire
tu sais
moi j'ai pas connu les cris
les coups
la peur
quand ça frappe
sur la peau ou à la porte
moi j'ai pas connu ce que d'autres ont écrit
parce chez nous quand on tombe
y a toujours quelqu'un qui nous rattrape.
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4. |
F D M
03:44
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y a la fin qui arrive au détour
la fin du monde y paraît
ce serait bien d'avoir le temps
de faire un dernier tour
avant que ça
brûle
saute
que ça s'écroule
avant que ça tremble et tombe
avant que le malheur nous rassemble dans un gros tas
et que nos aimants se décollent à jamais
le jour où
mon nord deviendra le tien
anorexique ozone
pour un soleil–soldat
l'ultime kamikaze
au nom de la galaxie
au fond
nous sommes si petits
ce jour–là
un grand coup de vent solaire et …
« Bonsoir ils sont partis »
les gros , les grands , les petits
les dans–la–rue
les pas–d e–sou solitaires
les costumés de jour et de nuit
poches pleines coeurs vides
les aspirants au grand changement
les hippies mangeurs de graines
les carnivores invétérés
les vierges et les puceaux
la main dans les culottes
les yeux rivés sur l'écran plat
et le sexe pointu
les foetus et les embryons
avec ou sans droits
les mères porteuses
et reportées
partis
tous d'un coup
partis
même les attendeurs de messies
la larme à l'oeil, la rage au ventre
le doute poignant devant l'absence
le livre sacré en iPad in their hands
it is the end my friends
il ne restera q u'une planète sèche et rouge
une autre Mars peut–être
au fond
nous sommes si petits
alors, dépêchons
avant l'arrivée du glissement de terrain
de la dernière vague qui ne viendra pas de nos mains
avant que les tours s' écroulent sans avion
car le sol se fatigue de tous nos pas incessants
des tornades et des feux pour nous rappeler cruellement
que nous ne contrôlons rien
allons voir les glaciers du Grand Nord
avant qu'ils partent en voyage et se fondent sur nos côtes fêlées
allons escalader ces montagnes
pour sentir le vertige de notre insignifiance
allons respirer l'air trop haut
la cage thoracique en état de choc
allons contempler au sommet de ces arbres ancestraux
sages étendards
allons contempler les étoiles
celles fixées et celles filantes
avant que l'on s'éteigne et que notre race disparaisse
car au fond nous sommes si petits
si fabuleusement
petits.
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5. |
Écrire sur le beau
05:00
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écrire sur le beau
sur le fun
l’ordinaire
écrire sur le journal qu’en silence on se sépare
parce que tu sais que je commence toujours
par la section des arts
écrire sur nous
sans faire de quétaine
ni sucré
sans donner
mal au coeur
écrire que ça marche à notre façon
écrire sur nos cadeaux d’oreillers
quand on se déballe notre journée
pis qu’on tente d’éteindre la lumière
que le sommeil nous stresse pas
parce demain personne risque de partir sans dire bye
écrire sur le quotidien
quand on s’aime comme on se passe le beurre
simplement
Écrire sur l’étoile qu’on fait plus dans notre lit
parce qu’on dort demi-lune
les pieds qui se collent
les rêves qui se parlent
écrire sur l’instant quand tu te dis
ok lui y me connais pas pire
pis que tu sauves pas en courant
Écrire sur le pétillant qui est encore dans tes yeux
un 7 up jamais flat
écrire sur nos tasses dépareillées
pis l’arrivée de ton BBQ
quand t’as rendu chez moi
chez nous
écrire sur ton jus d’orange
que je bois dans ton verre
parce qu’y a donc ben l’air plus frais.
écrire sur l’engagement.
changer le nom du compte d’Hydro.
écrire que la seule chose qui change après trois mois
c’est nos brosses à dents.
Écrire sur notre linge qui se mélange dans la laveuse
ma brassière passionnée qui ramasse tout ce qui ''spine''
alors que nos bas se font encore la cour sur la corde à linge
écrire sur l’éphémère qui pose ces bagages
quand on compte en année ce qu’on comptait en départs
ne pas écrire sur les compromis
mais sur ce qu’on se promet
ce qu’y a été pis ce qui s’en vient
écrire du ventre avec les papillons qui se reconstruisent un cocon
parce qu’y on compris qu’y partiraient pas tout de suite.
écrire
sur le beau sur la suite
parce que des fois
savoir dire:
''oui ça va bien on tient la route
on fait notre bout de chemin''
ça se peut aussi
peut-être
j’imagine
je sais pas
parce qu’écrire sur le beau
c’est la première fois que je fais ça.
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6. |
Racine
05:12
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J’ai toujours voulu voler haut, voler très haut
Dès mon bas âge, j’ai ressenti un poids compris dans l’arrivage
Une sorte de lourdeur du monde sur mes frêles épaules
Impossible que je la contrôle
C’est pour ne pas chuter que j’ai si désespérément voulu voler
Prendre le ciel pour nid, le vent en voile sur ma peau
Les étoiles en veilleuse, le repos en hauteur
Au sol Au sommet de mes douze ans
Facilement bouc émissaire
Pour que rien ne m’atteigne, j’avais le regard lointain
Toujours dans la lune
La nuit, au bord de ma fenêtre,
Alors que les autres volaient en songe aux pays des merveilles
Moi, je rêvais qu’au ciel ce soit l’infini printemps
Qu’en Colibri, derrière les nuages, je serais à l’abri des mots qui frappent
De l’ingratitude de mon âge
Là-bas, au loin, il serait impossible qu’on m’attrape
Mais l’on sait tous que pour être un oiseau
À moins que l’on nous pousse
Il faut volontairement se jeter de très haut
Sans filet, filer et ne plus revenir
Je suis donc restée perchée au bord de ma fenêtre
En regardant les autres marcher, les pieds bien au sol
Et heureux d’y être
C’est simplement avec les années qui à l’époque passaient si lentement
Les classes qu’on troque et qui grandissent pour laisser place aux passions
Au mille et un hivers, aux premiers frissons
Le sentiment de renaître, les nuits à refaire l’univers
Passée de seule à deux au bord de ma fenêtre. Et simplement avec le temps
Parce que c’est toujours une question de temps
Que maintenant je n’ai plus le désir de voler d’est en ouest
J’ai les pieds bien au sol et je veux qu’ils y restent
Aujourd’hui j’ai des feuilles qui volent au vent
Et pour mes ailes, des branches Avec un tronc qui penche sans qu’il se brise
Un arbre qui danse dans la brise, avec de longues et solides racines
Un arbre qui me fascine, que je façonne
Un arbre où les oiseaux, au passage, avant de s’envoler vers la lune
Me laissent cachées dans mon feuillage quelques-unes de leurs plumes
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